Le respect de l'autorité à l'école
Question d'actualité de Mme Stéphanie Cortisse, Députée, à Mme Valérie Glatigny, première vice-présidente et Ministre de l'Éducation et de l'Enseignement de promotion sociale, intitulée «Respect de l'autorité à l'école»
Mme Stéphanie Cortisse (MR).– Le manque de respect de l'autorité est un phénomène qui gangrène notre société. Il est d'autant plus présent au sein des écoles, que ce soit dans les relations entre les professeurs et les élèves, mais aussi entre les parents d'élèves et les professeurs.
J'ai personnellement constaté cette dérive durant la
précédente législature lorsque j'ai parcouru les 150 écoles de mon
arrondissement. J'ai d'ailleurs réalisé un rapport en la matière, dans lequel
figure notamment le constat des difficiles relations entre les familles et le
corps professoral. Je l'ai adressé à tous les partis démocratiques de notre
Assemblée. Il peut évidemment être utilisé durant cette législature pour
trouver les pistes qui permettraient d'améliorer la qualité de notre enseignement.
Dans un récent entretien paru dans la presse, une
enseignante qui travaille dans l'enseignement primaire a témoigné,
malheureusement sous couvert d'anonymat, des difficultés importantes qui
peuvent survenir avec des élèves qui sont parfois très agressifs, ou encore
avec les parents qui couvrent leur enfant sans prendre en compte ou respecter
l'autorité des enseignants.
Pourtant, Madame la Ministre, durant la précédente
législature, j'ai interrogé à de nombreuses reprises votre prédécesseure,
Caroline Désir, sur ce point. Je lui rappelais régulièrement que le Pacte pour
un enseignement d'excellence prévoyait clairement une responsabilisation
collective des enseignants, des parents et des élèves. Force est de constater
que, depuis lors, rien n'a été fait et que ce chantier est en permanence
reporté.
Je constate aussi que la Déclaration de politique
communautaire (DPC) prévoit de nombreuses mesures à cet égard.
Avez-vous pris connaissance de ce témoignage dont j'ai
fait état au début de mon intervention? Comment comptez-vous y répondre à
l'aune de vos priorités, de celles du gouvernement et de celles qui ressortent
de la nouvelle DPC?
Mme Valérie Glatigny, première vice-présidente et ministre de l'Éducation et de l'Enseignement de promotion sociale. – Madame la Députée, j'ai moi aussi été bouleversée quand j'ai lu le témoignage de cette institutrice d'une école primaire bruxelloise qui a été frappée par un élève. Il existe quatre propositions d'action.
D'abord, il convient d'objectiver la situation. Quel est l'état des lieux en termes de pression, d'intimidation, de violences verbales et physiques sur des enseignants? L'idée est d'établir un véritable baromètre du respect dans les écoles. La DPC nous invite d'ailleurs à faire une enquête sur le bien-être des enseignants.
Il est également important de travailler sur le contrat entre l'école et la société pour sensibiliser les familles au nécessaire respect des enseignants, par exemple dans le règlement d'ordre intérieur (ROI) des écoles.
Il est aussi prévu de travailler sur le Code de l'enseignement fondamental et de l'enseignement secondaire pour revoir les dix faits pouvant mener à l'exclusion d'un élève. Cela fait très longtemps que nous n'avons plus travaillé sur cette question.
Je ne voudrais pas non plus omettre la possibilité de travailler sur l'arsenal juridique. Le Code pénal a été révisé et, depuis le 5 février, il prévoit une peine plus élevée quand on s'en prend à quelqu'un qui exerce une fonction sociétale. Les enseignants sont repris dans ces fonctions. Nous pouvons aller un pas plus loin et instaurer une tolérance zéro quand on s'en prend à un de nos enseignants. L'idée est de systématiquement poursuivre, donc ne plus autoriser un classement sans suite, à l'image de ce qui est fait par exemple pour les services de secours, les services de sécurité ou encore les policiers.
En outre, il est nécessaire de travailler sur un phénomène qui semble de plus en plus répandu: l'autocensure des enseignants. Selon le Centre d'action laïque (CAL), 40 % des enseignants disent qu'ils ont décidé de s'autocensurer, c'est-à-dire de ne plus dispenser d'enseignement autour de l'origine des espèces, de l'égalité entre les hommes et les femmes ou encore des questions d'orientation sexuelle par crainte de pressions, d'intimidations, voire de violences verbales. Il conviendra donc de créer une cellule de soutien, d'écoute, à l'image de ce qui existe déjà au sein de l'administration pour les élèves, mais cette fois-ci pour les enseignants.
Mme Stéphanie Cortisse (MR).– Je rappelle que le Pacte pour un enseignement d'excellence évoquait «un partenariat éducatif durable et constructif entre les équipes éducatives et les parents d'enfants/élèves de tous les milieux socio-économiques et culturels», sans pousser davantage la réflexion.
Durant la précédente législature, votre prédécesseure n'a pas donné suite à mes remarques sur le respect de l'autorité de l'enseignant et l'autocensure, un sujet sur lequel plusieurs membres du groupe MR ont travaillé. Je suis ravie que le nouveau gouvernement ait décidé d'en faire une priorité. Il est vraiment temps de rendre aux enseignants le respect qu'ils méritent.