Durabilité et transition entremêlées de wokisme et de discrimination
Question d'actualité de Mme Stéphanie Cortisse à Mme Élisabeth Degryse, Ministre-Présidente, en charge de l'Enseignement supérieur, intitulée «Durabilité et transition entremêlées de wokisme et de discrimination»
Mme Stéphanie Cortisse (MR). – Madame la Ministre-Présidente, je vous interrogerai de manière plus posée. Je ne répliquerai pas aux propos que je viens d'entendre.
En début d'année académique, un nouveau cours intitulé
«Durabilité et transition» vient d'être lancé à l'ULiège. Il concerne tous les
étudiants de bachelier, et ce, dans toutes les filières d'études. Ce cours me
paraît tout à fait pertinent, compte tenu des enjeux écologiques actuels.
Toutefois, plusieurs étudiants m'ont interpellée pour me
signaler une problématique dans un des supports pédagogiques qui leur a été
soumise: selon l'expression d'un professeur de l'ULiège, les dérèglements
climatiques ne seraient pas dus à l'Homme en tant que tel, mais à «l'homme
blanc, occidental, chrétien et hétérosexuel».
Il est inadmissible de bourrer le crâne de nos jeunes
étudiants avec de tels propos discriminatoires! Que viennent faire là-dedans le
sexe, la religion, l'orientation sexuelle et la couleur de peau? En tout cas,
cette hypothèse énoncée par un professeur n'est nullement étayée. Le support de
cours est évidemment à la disposition de toutes et tous les étudiants.
Cette problématique a fait l'objet de nombreux articles
de presse. À leur suite, la rectrice de l'ULiège a répliqué et le professeur
l'a fait également. Il admet une maladresse lorsqu'il emploie le terme
«hétérosexuel», qu'il veut bien changer en «patriarcat».
Avez-vous pris connaissance de ce support de cours? Quelle est votre réaction? Allez-vous interroger la rectrice de l'ULiège pour lui demander des éclaircissements à cet égard?
Mme Élisabeth Degryse, Ministre-Présidente,
en charge de l'Enseignement supérieur. – Comme tous les membres de mon gouvernement,
je respecte la liberté académique. Cette liberté est essentielle.
Je n'ai à commenter ni les propos d'un enseignant de
l'ULiège ni ceux d'un parlementaire. La liberté de parole des parlementaires
existe aussi.
Je n'ai pas vocation à relire les supports de cours des
universités. C'est au sein des universités que les débats académiques doivent
se dérouler. Je ne compte absolument pas prendre connaissance des supports de
cours; je n'ai pas pour intention de les censurer, de les critiquer ou de les
commenter. Ce n'est pas mon rôle.
Si j'ai des contacts très réguliers avec la rectrice de
l'ULiège, Mme Nyssen, je ne compte absolument pas l'appeler concernant ce qui
se passe au sein de ce cours. Cela relève de la sphère académique. Vous avez
pris connaissance des clarifications dans la presse. Je n'ai pas à intervenir
plus avant sur cette question.
Mme Stéphanie Cortisse (MR). – Je vous remercie pour votre
réponse, Madame la Ministre-Présidente. Vous y rappelez judicieusement le
principe de la liberté académique, chère à mon groupe. Vous évoquez également
la liberté d'expression, en particulier celle des parlementaires. Je vous en
sais gré.
Certains parlent d'intimidation ou de pression de ma
part. Ce n'est pas le cas: nous vivons en démocratie et il nous est permis de
remettre les choses en question.
Mon intervention a eu le mérite de susciter le débat au
sein de l'ULiège, ce que le support ne faisait pas. J'espère que vous avez lu
ce document, Madame Agic.
Contrairement aux missions de l'université, le document
n'avait pas pour vocation de soumettre des enseignements à l'esprit critique
des étudiants, mais faisait état d'une simple affirmation, nullement étayée.
Je suis donc contente que mon intervention suscite le
débat, dans les médias et dans l'enceinte du Parlement. C'est la moindre des
choses dans un pays comme le nôtre.
Effectivement, mon groupe craint que la culture woke envahisse notre société, avec toutes ses dérives et ses discriminations envers l'homme que vous qualifiez de «blanc», soi-disant méchant. Nous voulons faire barrage au wokisme qui envahit à présent nos universités.
J'espère que mon intervention sera suivie d'une vraie remise en question de ce type de discours dans les cours des universités et ne se clôture pas par la simple conversion du terme «hétérosexuel» en «patriarcat».