Question d'actualité sur l'annulation des examens et les remédiations scolaires en été
Question d'actualité de Mme Stéphanie Cortisse à M. Pierre-Yves Jeholet, Ministre-Président, concernant l'annulation des sessions d'examens de juin et les remédiations pendant l'été.
Mme Stéphanie Cortisse (MR). - Le réseau Wallonie-Bruxelles Enseignement (WBE) a tranché: à l'exception des épreuves certificatives externes, il n'y aura pas de sessions d'examen en juin pour l'ensemble des écoles de ce réseau. Cette décision résulte d'une recommandation de la ministre de l'Éducation, qui a demandé de poursuivre les apprentissages essentiels le plus loin possible cette année scolaire. Le Secrétariat général de l'enseignement catholique (SeGEC), pour sa part, a décidé de laisser le choix aux écoles d'organiser ou non des examens. Les autres réseaux sont en train de se positionner.
Dans un article de presse paru hier, Mme Duroisin, professeure à l'École de formation des enseignants de l'Université de Mons (UMONS) qui a mené plusieurs études sur le sujet, estime que les évaluations sont essentielles et permettent de consolider les apprentissages en entraînant une « réactivation neuronale ». Selon elle, des évaluations, éventuellement non sommatives, doivent avoir lieu et permettre aux élèves de recevoir un feedback pour qu'ils puissent progresser dans leurs apprentissages. L'absence de telles évaluations aura un impact à plus long terme sur les acquisitions.
Compte tenu de ces éléments et sachant que de nombreuses écoles feront usage de leur liberté pédagogique pour ne pas organiser d'examens, il est d'autant plus essentiel d'aborder la question des remédiations pour les élèves qui rencontreraient des lacunes. C'est la raison pour laquelle je vous questionne, Monsieur le Ministre-Président, au sujet de la proposition que vous avez émise au mois de janvier.
Celle-ci consistait à proposer des remédiations scolaires de manière volontaire pendant ces vacances d'été, sur la base d'une « union sacrée entre la Fédération Wallonie-Bruxelles, les pouvoirs locaux et différents acteurs de l'enfance et de la jeunesse», pour reprendre vos termes.
Quel est l'état des concertations avec ces acteurs? Ont-elles abouti à des propositions concrètes? Où en sont les discussions à cet égard au sein du Gouvernement? Vu les impacts budgétaires qu'une telle mesure engendrerait, ce projet figurait-il à l'ordre du jour du conclave budgétaire que vous venez de tenir?
M. Pierre-Yves Jeholet, Ministre-Président. - Cette année scolaire et la précédente ont été gravement perturbées par la crise sanitaire, dans l'enseignement fondamental et peut-être plus encore dans l'enseignement secondaire. L'apprentissage par hybridation n'est pas la panacée, même s'il peut apporter certaines solutions à des situations exceptionnelles.
Je salue tous les efforts fournis par les opérateurs de l'enseignement, par nos ministres de l'Éducation, de l'Enseignement supérieur et de la Santé, et par l'ensemble du Gouvernement, qui n'a pas ménagé ses peines pour que cette période se passe le plus normalement possible malgré un contexte très difficile.
À l'occasion du conclave budgétaire qui vient de s'achever, j'ai tenu à proposer au Gouvernement de soutenir l'organisation d'une opération additionnelle de soutien à nos élèves, qui aurait lieu pendant la période des grandes vacances et que nous pourrions baptiser «Plaisir d'apprendre».
Je plaide effectivement pour l'instauration d'une union sacrée durant ces vacances d'été afin de lutter contre le décrochage scolaire, voire le décrochage social.
J'ai donc le plaisir de vous annoncer que le Gouvernement a d'ores et déjà entendu cet appel et débloqué un budget de 3 millions d'euros pour cette opération.
J'entends soumettre rapidement au Gouvernement un projet s'adressant aux communes. Celles-ci pourront s'associer à des opérateurs locaux pour organiser des activités de remédiation, couplées à des activités sportives ou culturelles destinées principalement aux élèves de l'enseignement secondaire. J'insiste pour que les élèves de tous les réseaux, sans distinction, puissent bénéficier de ces activités.
Ce projet s'adresse aux communes parce que celles-ci constituent par excellence le niveau de pouvoir de proximité en contact avec tous les intervenants susceptibles de fournir de l'aide et des solutions. Plus concrètement, pour organiser cette opération, les communes bénéficieraient d'une subvention permettant d'engager notamment des étudiants des universités, des hautes écoles et des écoles supérieures des arts (ESA) pour assurer l'encadrement des jeunes, en collaboration avec les opérateurs locaux. Des frais connexes pourraient éventuellement être pris en charge. J'en appelle également au volontariat éventuel des enseignants et à la collaboration des fédérations de pouvoirs organisateurs et des établissements afin de mettre à disposition les infrastructures nécessaires. Les contacts nécessaires seront pris avec ces opérateurs et avec les ministres compétents.
L'objectif n'est pas de concurrencer l'offre de stages déjà existante, mais bien de mobiliser l'ensemble des forces vives afin de soutenir notre jeunesse, particulièrement éprouvée par cette crise.
Les concertations avec les différents acteurs concernés sont en cours, notamment l'Union des villes et communes de Wallonie (UVCW) et les communes bruxelloises, afin de mettre ce projet en pratique. Les délais sont courts, mais la volonté de soutenir notre jeunesse nous encourage à réaliser l'impossible, comme nous le faisons depuis des mois dans les différents secteurs, dont l'éducation.
Mme Stéphanie Cortisse (MR). - Pour parer aux conséquences néfastes de la crise sanitaire pour les élèves sur les plans éducatif, pédagogique et psychosocial, votre Gouvernement a déjà débloqué des moyens importants aux mois de septembre et mars. D'autres y seront aussi consacrés lors de la prochaine rentrée scolaire dans le cadre du Plan de relance pour l'Europe.
Entre-temps, la mise à profit d'une partie des grandes vacances pour pallier certaines lacunes d'apprentissage est essentielle. J'abonde donc totalement dans le sens de votre proposition. Je remercie également le Gouvernement d'y avoir accordé des fonds lors de son dernier conclave budgétaire.
L'élaboration de telles remédiations, sans attendre la prochaine rentrée, est primordiale pour des élèves qui, par exemple, devront tenter d'obtenir leur certificat d'enseignement secondaire supérieur (CESS) l'année prochaine sans avoir eu d'examen en quatrième et cinquième année.
Les évaluations en elles-mêmes constituent un apprentissage; j'espère donc que les écoles organiseront tout de même des épreuves indicatives au mois de juin afin de permettre aux élèves de se situer et de repérer leurs lacunes. Il s'agit d'un préalable nécessaire avant de pouvoir remédier efficacement aux difficultés éventuelles cet été.