Question sur la transition entre les milieux d'accueil de la petite enfance et l'école maternelle
Question orale de Mme Stéphanie Cortisse, Députée, à Mme Bénédicte Linard, Ministre de l'Enfance, à propos de l'amélioration de la transition entre l'accueil de la petite enfance et l'école maternelle
Mme Stéphanie Cortisse (MR). - En novembre 2020, je vous ai interrogée sur l'amélioration de la transition entre l'accueil de la petite enfance et l'école maternelle telle que prévue par le gouvernement dans la Déclaration de politique communautaire (DPC).
Vous m'avez répondu que les semaines précédentes n'avaient pas été particulièrement propices à une concertation à ce sujet avec la ministre Désir, mais que vous comptiez en discuter avec elle dès que la situation sanitaire le permettrait.
Vous avez précisé que la continuité entre ces deux milieux devait viser à prolonger les dynamiques d'apprentissage non formel, comme les activités de psychomotricité ou d'éveil à la culture et à la nature, plutôt qu'à appliquer les méthodes de l'enseignement primaire à l'enseignement maternel. En réalité, ma question concernait plutôt la sensibilisation systématique des parents, par l'intermédiaire des milieux d'accueil de la petite enfance, à l'importance d'une inscription et d'une fréquentation assidue de leurs enfants dans l'enseignement maternel dès l'âge de deux ans et demi.
Pour rappel, selon la ministre de l'Éducation, la fréquentation des enfants inscrits à l'école maternelle avant l'âge de l'obligation scolaire est malheureusement très irrégulière, alors que la scolarisation dès le plus jeune âge a de nombreux effets positifs sur la réduction des inégalités et le développement de l'enfant.
Il s'agit également d'un des objectifs du Plan quinquennal de lutte contre la pauvreté, la pauvreté infantile et pour la réduction des inégalités sociales: «favoriser les collaborations avec l'Enseignement en ce qui concerne la transition milieux d'accueil-écoles maternelles.»
Je ne doute pas que beaucoup de milieux d'accueil informent déjà les parents de la nécessité d'inscrire leur enfant à l'école maternelle et de la fréquenter assidûment, mais des solutions pérennes s'imposent.
Je vous ai donc proposé d'ajouter cette tâche aux missions de l'Office de la naissance et de l'enfance (ONE). Cette proposition n'est pas très compliquée à réaliser ni très coûteuse. De surcroît, elle poursuit l'objectif de donner la même information à tous les parents qui inscrivent et placent leur enfant dans les milieux d'accueil de la petite enfance. Bien entendu, un travail similaire doit être mené en parallèle pour les parents dont les enfants ne fréquentent pas les milieux d'accueil.
Madame la Ministre, ne pourrions-nous pas inscrire une telle mission de sensibilisation dans les missions de l'ONE? Vous êtes-vous entretenue avec la ministre de l'Éducation au sujet du renforcement des liens entre l'accueil de la petite enfance et l'école maternelle, comme prévu par la DPC? Pourriez-vous nous présenter les pistes de solution déjà envisagées?
Mme Bénédicte Linard, Ministre de l'Enfance. - La transition entre les milieux d'accueil de la petite enfance et les écoles maternelles retient l'attention depuis plusieurs années. Régulièrement et depuis longtemps, l'ONE y consacre des publications, ainsi que des formations mixtes destinées aux professionnels des milieux d'accueil de la petite enfance et de l'accueil extrascolaire afin de réfléchir aux rôles et pratiques de chacun dans cette transition.
Cependant, cette phase de transition est surtout révélatrice d'une fracture. L'entrée à l'école maternelle constitue une étape clé de l'éducation durant laquelle les enfants sont confrontés à l'institution scolaire et à la nécessité de développer de nouveaux apprentissages, dont certains seront essentiels durant toute leur scolarité. La réelle difficulté derrière cette transition concerne surtout les enfants qui n'ont pas eu accès à un milieu d'accueil auparavant. La plus grande fracture réside entre, d'une part, les enfants qui ont fréquenté une collectivité dès l'âge de trois mois et jusque deux ans et demi et, d'autre part, ceux qui n'ont jamais mis les pieds dans un milieu d'accueil. Par conséquent, nous devons nous focaliser sur la sensibilisation des familles qui n'envisagent pas de mettre leurs enfants en milieu d'accueil plutôt que sur l'importance d'une inscription et d'une fréquentation assidue de leurs enfants dans l'enseignement maternel.
Le développement de l'accessibilité de l'accueil de la petite enfance est donc prioritaire et essentiel. Les avantages d'une prise en charge dès les premiers mois de vie ne sont plus à démontrer: elle constitue l'une des clés d'un parcours scolaire réussi et, par conséquent, un véritable levier pour lutter contre les inégalités sociales et économiques.
Pour cette raison, le contrat de gestion de l'ONE présente une stratégie multidimensionnelle et ambitieuse pour accroître de façon décisive l'accessibilité de l'accueil de la petite enfance. En particulier, il est prévu que l'ONE soutienne les initiatives visant à développer des centres de vacances dans les écoles maternelles spécifiquement adaptés aux enfants qui n'ont pas fréquenté un milieu d'accueil et qui s'apprêtent à rentrer à l'école. Il est également prévu que l'ONE renforce et diversifie le projet d'éveil culturel pour tous les enfants. Ce dispositif s'inspire du parcours d'éducation culturelle et artistique (PECA) du Pacte pour un enseignement d'excellence. Il en propose une version adaptée et ambitieuse, assortie d'une stratégie pour que le milieu d'accueil s'ouvre sur son quartier et accueille, le temps d'une activité culturelle, des enfants qui ne sont pas régulièrement inscrits. Par ce biais, ceux-ci vivront une expérience collective en prenant place parmi un groupe d'enfants avant leur entrée à l'école maternelle.
Mme Stéphanie Cortisse (MR). - J'entends bien que l'ONE cherche prioritairement à atteindre les enfants qui ne fréquentent pas les milieux d'accueil et qu'une fracture existe, au sein du secteur de l'enfance, entre les enfants qui ont la chance de fréquenter les milieux d'accueil et les autres.
Cependant, je souhaitais davantage insister sur la transition vers l'enseignement maternel. Dans le cas des enfants qui fréquentent un milieu d'accueil, il serait aisé de fournir une information généralisée.
En effet, au mois d'octobre dernier, la ministre Désir m'a informée que la troisième année maternelle, c'est-à-dire la première année concernée par l'obligation scolaire, fut l'année de l'enseignement fondamental la plus touchée par l'absentéisme injustifié au cours de l'année scolaire 2020-2021.
Il est donc indispensable que vous vous entreteniez avec la ministre Désir afin de trouver des solutions pérennes pour assurer la transition entre les milieux d'accueil et l'enseignement maternel, sans oublier les parents qui ne mettent pas leurs enfants dans les milieux d'accueil.