Question sur la valorisation des langues régionales endogènes à l'école

04/07/2023

Question de Mme Stéphanie Cortisse, Députée (MR), à Mme Caroline Désir, Ministre de l'Éducation, à propos de la valorisation des langues régionales endogènes en milieu scolaire

Mme Stéphanie Cortisse (MR). – Madame la Ministre, en 2020, une enquête sur les langues régionales à l'école a été menée par le Service de recherche sur le wallon (SRWE) de la Haute École de la ville de Liège (HEL) et le Service des langues régionales endogènes (SLRE) de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Parmi les 110 enseignants ayant répondu à cette enquête, 23 ont affirmé avoir animé moins d'une fois par mois des activités en lien avec les langues régionales dans leurs classes. 11 ont affirmé avoir animé de telles activités au moins une fois par semaine et 4 au moins une fois par mois. Les 72 autres répondants ont affirmé ne l'avoir jamais fait, mais ont dit qu'ils aimeraient le faire. L'enquête relève donc une marge de progression possible en termes d'espace occupé par les langues régionales dans les classes.

64 enseignants ont déclaré avoir l'impression de manquer de ressources pour aborder ces thématiques, alors que 18 ont déclaré ne pas avoir cette impression.

Par ailleurs, il ressort de l'enquête que les enseignants ont très peu recours aux centres de documentation spécialisés.

Des conclusions provisoires de cette enquête, il ressort que les langues régionales sont surtout évoquées en troisième année, cinquième année et sixième année de l'enseignement primaire. Le plus souvent, il s'agit de préparer une récitation, une pièce de théâtre ou une chanson dans le but de présenter un spectacle. Les enseignants estiment souvent manquer de ressources pour travailler ces matières, mais semblent méconnaître les centres qui pourraient les y aider. Les types de ressources dont ils aimeraient le plus disposer sont des séquences prêtes à l'emploi, des jeux et des ressources multimédias.

Deux recommandations ressortent de cette enquête. La première est de mieux communiquer sur l'existence des centres de ressources. La deuxième est de concevoir de nouveaux outils pour les enseignants. Le travail du SRWE va donc se concentrer sur les attentes des enseignants et non, comme initialement prévu, sur des ressources destinées à un public préscolaire.

Madame la Ministre, quelles sont les conclusions définitives de cette enquête? Quelles suites allez-vous y donner? Comment les recommandations vont-elles être concrétisées par le gouvernement? Allez-vous, par le biais d'une circulaire, rappeler aux enseignants l'existence des centres de ressources en langues régionales endogènes? Allez-vous développer et mettre à leur disposition de nouveaux outils pédagogiques?

Il s'agit de sauvegarder notre patrimoine culturel en dispensant aux élèves quelques notions et en les informant et en les sensibilisant aux différents dialectes régionaux. Cela peut être fait dans le cadre du cours d'éveil aux langues ou du parcours d'éducation culturelle et artistique (PECA).

Mme Caroline Désir, ministre de l'Éducation. – Madame la Députée, la valorisation des langues régionales endogènes en milieu scolaire est soutenue par l'Administration générale de la culture (AGC) au travers du programme Langues et Cultures régionales en classe. Ce programme invite les élèves à découvrir la langue endogène de leur région par l'intermédiaire d'activités d'éveil et de sensibilisation, et ce, grâce à un partenariat étroit entre leur enseignant et un intervenant spécialisé. La liste des intervenants promus par la Fédération Wallonie-Bruxelles est disponible sur le site consacré à ce programme.

Les recommandations extraites de l'enquête que vous avez mentionnée appellent en effet à revoir les modalités de communication sur les ressources existantes. Cette enquête a été menée par le SLRE, qui dépend directement de ma collègue Bénédicte Linard.

Pour ce qui relève de l'enseignement obligatoire, la plateforme e-classe pourrait très utilement accueillir ces ressources. Le PECA se prête également à soutenir ce type d'activités, dès lors qu'elles font intervenir une discipline artistique, ce qui semble être déjà largement le cas. Enfin, le référentiel du nouveau cours d'éveil aux langues constitue une autre porte d'entrée qui pourrait être utilement exploitée.

Toutes ces pistes pourraient être approfondies, mais je laisse naturellement le soin au service compétent et à la ministre responsable d'apprécier leur pertinence et d'engager, le cas échéant, les collaborations nécessaires avec l'Administration générale de l'enseignement (AGE).

Mme Stéphanie Cortisse (MR). – Madame la Ministre, je note que vous n'êtes pas opposée à l'inclusion des langues régionales endogènes sur la plateforme e-classe, dans le PECA ou dans le cours d'éveil aux langues. C'est une bonne chose.

Lorsque je vous avais interrogée en 2021, la presse s'était intéressée à la question et j'avais étonnamment reçu beaucoup de commentaires positifs. J'avais même recueilli des réactions venues de France, de la part de personnes étonnées que nous nous intéressions à ce sujet en Fédération Wallonie-Bruxelles.

J'avais aussi pu lire ou entendre quelques commentaires négatifs de personnes qui croyaient que je réclamais que des cours de wallon soient dispensés à la place des cours de français ou de langues étrangères. Il n'en est évidemment rien! Il s'agit, pour les enseignants et les acteurs externes à l'école, de dispenser quelques notions relatives aux langues régionales endogènes et d'informer et de sensibiliser les jeunes sur les dialectes régionaux. Le sujet est tout sauf futile, puisqu'il est question de sauvegarder notre patrimoine culturel.

Il est nécessaire de mieux outiller les enseignants.

Je ne manquerai pas d'interroger à nouveau Mme Linard à ce sujet et j'espère que vos deux cabinets pourront collaborer.