Question sur le malaise au sein du Service de médiation scolaire
Question orale de Mme Stéphanie Cortisse, Députée (MR), à Mme Caroline Désir, Ministre de l'Éducation, à propos du malaise au sein du Service de médiation scolaire.
Mme Stéphanie Cortisse (MR). - En séance plénière du 12 janvier et en Commission du 25 janvier dernier, je vous interrogeais, Madame la Ministre, à propos du malaise au sein du Service de médiation scolaire instauré en Fédération Wallonie-Bruxelles depuis près de vingt-cinq ans, et dont les missions sont définies dans le décret du 21 novembre 2013 organisant divers dispositifs scolaires favorisant le bien-être des jeunes à l'école, l'accrochage scolaire, la prévention de la violence à l'école et l'accompagnement des démarches d'orientation scolaire.
Si ses missions ont évolué au fil des années, ce service a aujourd'hui pour objectif de prévenir la violence, l'absentéisme et le décrochage scolaires dans les écoles de l'enseignement secondaire et, plus exceptionnellement, de l'enseignement fondamental.
Pour rappel, le 10 janvier dernier, la presse relayait le contenu d'une lettre anonyme selon laquelle des travailleurs de ce service se sentiraient délaissés et ne travailleraient pour certains que cinq à huit heures par semaine au lieu des trente-six heures contractuellement prévues.
Alors que la violence et le harcèlement scolaires sont au centre des attentions et que le taux de décrochage scolaire n'a jamais été aussi élevé que depuis le début de la crise sanitaire, il semblerait que «le Service de médiation scolaire tourne au ralenti, voire est à l'agonie», pour reprendre les termes de la lettre.
Si vous aviez pris connaissance de ce courrier anonyme, vous ne pouviez pas encore en confirmer ou infirmer les faits relatés et vous aviez mandaté la Direction générale de l'enseignement obligatoire (DGEO) pour vous rendre un rapport.
Depuis lors, la DGEO a-t-elle pu investiguer? Vous a-t-elle rendu un rapport? Qu'en ressort-il? Si les faits relatés sont avérés, quelles mesures allez-vous prendre pour remédier au plus vite à cette situation? Enfin, cette actualité n'est-elle pas l'occasion d'accélérer le chantier no 13 du Pacte pour un enseignement d'excellence relatif à la lutte contre le décrochage scolaire? Pourriez-vous à présent nous présenter votre méthodologie de travail et un calendrier?
Mme Caroline Désir, Ministre de l'Éducation. - La mission que j'ai diligentée à la suite de la réception de ce courrier anonyme est désormais terminée. La DGEO m'a communiqué son rapport qui nuance quelque peu les faits rapportés. Sur la base des chiffres dont elle dispose, une différence entre les deux zones, les Régions wallonne et bruxelloise, est en effet observée au niveau des dossiers traités, sans qu'elle soit pour autant substantielle. Ce constat ne m'étonne pas vraiment, car, à Bruxelles, les médiateurs sont affectés à l'intérieur des écoles, situation qui facilite grandement l'arrivée des demandes auprès des professionnels. En revanche, côté wallon, les sollicitations sont centralisées et passent par l'administration. Le dispositif ne fonctionne donc pas dans les mêmes conditions. Dans l'état actuel du service, il s'avère plus aisé de contacter ou de pousser la porte d'une personne qu'on côtoie au quotidien. Cet état de fait questionne, par conséquent, non seulement la visibilité de ce service, son accessibilité, mais également le compte rendu du travail réalisé par les médiateurs.
Un plan de lutte contre l'absentéisme et le décrochage scolaire est en effet en gestation dans le cadre du chantier no 13. Comme j'ai déjà eu l'occasion de vous en faire part, Madame la Députée, ces travaux vont bon train. Néanmoins, ce dossier demeure complexe et implique une multitude d'opérateurs tant scolaires que parascolaires. Par conséquent, il exige une approche systémique à la fois fine et délicate. À terme, je vise un plan abouti, fonctionnel, efficace et efficient s'adaptant aux besoins des élèves dans la réalité spécifique des établissements scolaires. Ce plan devra articuler non seulement les différents opérateurs concernés par le décrochage, mais également les différentes entités qui jouent un rôle dans le processus entamé, d'une manière ou d'une autre. Je songe notamment à d'autres entités fédérées. Les médiateurs font partie intégrante du champ de travail circonscrit et seront, bien entendu, intégrés au schéma global. La méthodologie de ce chantier demeure identique à celle des autres chantiers du Pacte, en élaborant d'abord des propositions structurées, enracinées dans les différents travaux programmés et organisés, jusqu'à leur présentation au comité de concertation du Pacte. Une note d'orientation relative au plan de lutte contre le décrochage scolaire sera déposée sur mon bureau avant les prochains congés parlementaires.
Mme Stéphanie Cortisse (MR). - Je note que le chantier avance. Je vous avoue que je ne m'attendais pas à
ce que le rapport soit déjà remis. En revanche, je suis un peu déçu de ne pas
en apprendre plus. Votre réponse reste très légère. Y a-t-il vraiment des
personnes qui ne travaillent que cinq à huit heures par semaine? S'il s'avérait
que certains travaillent bien moins que les 36 heures contractuellement
prévues, il serait impératif de leur donner du travail, bien que je ne
connaisse pas les éventuelles dispositions qui permettraient de le faire. Car
du travail, il y en a, vu le taux de décrochage scolaire qui a augmenté de plus
de 50 % depuis le début de la crise sanitaire. Il est temps d'aborder de front
ce problème. En tout cas, il me semble prioritaire, avant même le chantier n°
13, d'être sûr que tout le monde ait du travail au sein du Service de médiation
scolaire.