Question sur l'emploi des enseignants du secondaire avec le nouveau tronc commun
Question orale de Mme Stéphanie Cortisse, Députée, à Mme Caroline Désir, Ministre de l'Éducation, relative à l'emploi des enseignants dans l'enseignement secondaire avec le nouveau tronc commun
Mme Stéphanie Cortisse (MR). – Le nouveau tronc commun, ses nouveaux
référentiels et ses nouvelles grilles horaires entreront en vigueur en 2026 en
première année secondaire, c'est-à-dire dans trois ans déjà.
C'est le flou pour les directions de l'enseignement secondaire qui ne
savent pas quelles réponses apporter aux enseignants qui s'inquiètent, pour
certains, à propos de leur avenir.
Lors de la réunion du 23 mai de notre Commission, je vous ai présenté
les exemples suivants.
Premièrement, dans la grille horaire de première année secondaire, le
cours de mathématiques passera de quatre à cinq périodes. Cela veut dire que
les grosses écoles vont devoir engager un équivalent temps plein (ETP)
supplémentaire en 2026. En 2027, en deuxième année secondaire, les heures de
mathématiques passeront à quatre périodes au lieu de cinq; idem en 2028 pour la
troisième année secondaire. Il faudra alors se séparer d'un ETP, qui devra être
mis en disponibilité.
Deuxièmement, dans la grille horaire de première année secondaire, le
cours de français sera de six périodes hebdomadaires. Dans la grille horaire de
deuxième année secondaire, quatre périodes de français sont prévues ainsi que
deux périodes de latin. Mais, dans certaines écoles, des cours de latin se
donnent déjà en première année secondaire à l'heure actuelle. En 2026, des
enseignants vont donc devoir être mis en disponibilité pour être ensuite
réengagés l'année suivante.
Troisièmement, à partir de la troisième année secondaire, les élèves
ont actuellement la possibilité de choisir des filières scientifiques pour plus
ou moins dix périodes par semaine en technique de qualification et encore plus
de périodes en technique de transition. En 2028, les cours de sciences
passeront à trois périodes par semaine en troisième année secondaire; il faudra
donc également mettre de nombreux professeurs de sciences en disponibilité.
Quatrièmement, à l'heure actuelle, des enseignants donnent des
activités complémentaires au premier degré qui n'auront plus leur place dans
les nouvelles grilles horaires. Ainsi, les cours de cuisine ou d'horticulture
seront intégrés aux périodes de formation manuelle, technique, technologique et
numérique (FMTTN). Dès lors, ces enseignants d'options particulières ne savent
pas ce qu'ils vont devenir. Ce n'est sûrement pas un professeur de cuisine qui
donnera aussi le cours de numérique et inversement.
Vous m'avez indiqué le 23 mai que les fédérations de pouvoirs
organisateurs et Wallonie-Bruxelles Enseignement (WBE) travaillaient sur les
premières propositions de grilles horaires afin de vous remettre, pour le début
du mois de juillet dernier, les ajustements en lien avec ces grilles, notamment
ceux relatifs aux nouveaux cours du tronc commun.
Ces propositions devaient permettre de lancer concrètement le travail
de la Commission interréseaux des titres de capacité (CITICAP) dès le début de
cette rentrée scolaire en vue d'une réforme du régime actuel des titres et des
fonctions.
Vous avez précisé que l'idée est d'élargir les perspectives plutôt que
de les restreindre et qu'il faudrait éviter au maximum les mises en
disponibilité des membres du personnel, surtout dans le contexte de pénurie que
nous connaissons.
Enfin, vous avez ajouté qu'un groupe de travail consacré à la
transition sociale était d'ores et déjà en place, dans le cadre du chantier n°
12 du Pacte pour un enseignement d'excellence et que ses travaux seraient
réalisés en parallèle, puisqu'il est nécessaire de déterminer des accroches
cours-fonction pour programmer les mesures de requalification visant à assurer
la transition à la rentrée de 2026.
Où en sont vos réflexions par rapport à l'emploi et la requalification
des enseignants à la suite de l'implémentation progressive du nouveau tronc
commun dans l'enseignement secondaire à partir de 2026?
Qu'est-il prévu afin de limiter au maximum les mises en disponibilité partielles ou totales qui grèvent les articles de base (AB) «Traitements»?
Qui va donner les futurs cours de FMTTN et d'éducation culturelle et artistique (ECA)?
Où en sont les travaux précités de la CITICAP?
Une communication est-elle prévue prochainement à cet égard, afin
d'apporter rapidement des réponses aux enseignants et aux directions qui
s'inquiètent à juste titre pour leur avenir?
Mme Caroline Désir, Ministre de l'Éducation. – Madame la Députée, sur la base des
propositions de grilles horaires pour les trois premières années secondaires
remises par les différents réseaux, je vous confirme que le groupe de travail
de la CITICAP avance dans le processus de fixation des fonctions afférant aux
différents cours, et ce, en concertation avec les réseaux d'enseignement et les
organisations syndicales. Les réflexions se poursuivent, mais aucune conclusion
n'a encore été établie à ce stade. En effet, les différentes questions, notamment
celles liées au cours d'ECA et de FMTTN, sont en cours d'instruction. Une
proposition de la CITICAP devrait me parvenir d'ici le début de l'année 2024.
Madame la Députée, je vous rejoins sur le fait qu'il s'agit de sujets
importants pour les enseignants et enseignantes en fonction, ainsi que celles
et ceux en devenir. À cet effet, la volonté partagée par les acteurs
institutionnels consiste bien à faciliter au maximum les requalifications et à
limiter autant que possible les mises en disponibilité. À l'heure où la pénurie
sévit, il serait totalement inconscient de proposer des mesures qui
l'aggravent.
Les modifications apportées aux accroches cours-fonctions sont en
général assorties de deux types de mesures transitoires: les premières portent
sur l'établissement d'une correspondance entre l'ancien et le nouvel intitulé
de fonction, permettant aux membres du personnel ayant acquis une ancienneté ou
une nomination dans un ancien intitulé de conserver leurs droits dans ce nouvel
intitulé; les secondes concernent l'établissement d'une correspondance entre
l'ancien et le nouvel intitulé du cours. Les résultats de ces réflexions seront
communiqués dans la foulée.
Au-delà des travaux menés par la CITICAP, ceux du chantier n° 12 du
Pacte portant sur la transition sociale se poursuivent également. Les
propositions attendues devront permettre de privilégier les reconversions dans
l'enseignement et d'accompagner tous les membres des différents personnels
concernés. Elles devront comporter des mesures statutaires structurelles et des
mesures transitoires. Un chef de projet stratégique pour la dimension sociale
du changement viendra intégrer l'équipe du chantier n° 12 très prochainement.
Mme Stéphanie Cortisse (MR). – Madame la Ministre, je vous remercie d'avoir
fait le point sur ce dossier important.
Dans l'enseignement fondamental, les réformes liées au Pacte pour un
enseignement d'excellence s'accumulent. À l'inverse, dans l'enseignement
secondaire, ces réformes sont attendues avec impatience, mais surtout avec une
certaine incertitude.
L'échéance fixée à 2026 approche à grands pas. Vous devez donner rapidement des réponses aux équipes éducatives concernant leurs emplois et leurs requalifications potentielles. Vous devez absolument réussir à conclure ce chantier avant la prochaine mandature.
Je note également que vous aurez des nouvelles de la CITICAP au début
de l'année 2024. Je reviendrai vers vous à cette occasion.