Question sur l'orientation positive des élèves
Question orale de Mme Stéphanie Cortisse, Députée (MR), à Mme Caroline Désir, Ministre de l'Éducation, à propos de l'orientation positive des élèves
Mme Stéphanie
Cortisse (MR). – Madame la Ministre, mon groupe et
moi-même attachons beaucoup d'importance à l'orientation positive des élèves
tout au long de leur parcours scolaire. Je vous interrogeais sur le sujet le 29
septembre dernier.
Tout d'abord, vous
m'annonciez que le développement d'un portail de l'orientation en Fédération
Wallonie-Bruxelles était en bonne voie. Quel est l'état d'avancement des
travaux menés à cet égard? Quand cette plateforme verra-t-elle le jour? Quel en
sera le contenu exact?
Concernant ma
proposition visant à instaurer un test d'orientation en troisième année
secondaire à l'issue du nouveau tronc commun polytechnique et
pluridisciplinaire, vous annonciez recevoir prochainement les rapports du
comité scientifique de l'Université libre de Bruxelles (ULB) et de l'Université
de Mons (UMons), chargé d'une étude visant à analyser comparativement les
portails numériques européens et comprenant une visée d'orientation. L'équipe
du projet de chantier devait se pencher, avec l'appui de psychopédagogues
spécialisés, sur la proposition d'un espace intégré qui reprendrait des
activités d'orientation, des tests de connaissance de soi et des
auto-évaluations. Pouvez-vous nous présenter les conclusions de cette étude?
Une décision quant à la création d'un test d'orientation accessible sur la
future plateforme a-t-elle été prise? À quel moment du parcours scolaire ce
test sera-t-il accessible pour les élèves? Que comprendra ce test
d'orientation?
En outre, vous
annonciez que le travail relatif au renforcement des activités orientantes
expressément prévues par la Déclaration de politique communautaire (DPC) en
troisième année secondaire – dernière année du tronc commun – allait
prochainement être entamé en intercabinets. Ce chantier cher à mon groupe a-t-il
débuté? Pouvez-vous nous en dire davantage? Quelles sont les modalités retenues
par rapport à celles consacrées par la DPC?
Par ailleurs,
chargée de l'Enseignement supérieur, la Ministre Glatigny a pour objectif
d'élaborer, avec votre collaboration, un test d'orientation qui permettrait aux
élèves de dernière année secondaire de mieux opter pour une filière d'étude
supérieure. Où en sont vos travaux avec la Ministre Glatigny à ce sujet? La
création d'un outil informatique commun aux deux tests d'orientation – le
premier en fin de troisième année secondaire, le second en fin de sixième année
secondaire – est-elle à l'étude?
Enfin, lors de nos
débats sur les nouveaux référentiels du tronc commun en réunion du 7 juin 2022
de notre commission, j'ai rappelé que l'avis n°3 du Groupe central du Pacte
pour un enseignement d'excellence préconise l'établissement d'un guide visant à
permettre aux enseignants de développer l'ensemble des dimensions de la
capacité à s'orienter dans une approche éducative de l'orientation. Vous me
répondiez qu'un document de référence destiné aux enseignants serait préparé
pour soutenir et accentuer cet apprentissage transversal. Ce document est-il à présent
finalisé? Quand sera-t-il communiqué aux équipes éducatives sur le site
www.enseignement.be, ainsi que par voie de circulaire?
Mme Caroline
Désir, Ministre de l'Éducation. – Madame la Députée,
la version 1.0 du portail de l'orientation de la Fédération Wallonie-Bruxelles
devrait être mis en ligne très prochainement. Cet outil est en effet appelé à
évoluer dans le temps et à être enrichi en suivant différents axes.
La plateforme
www.monorientation.be constitue l'un des projets d'envergure du chantier n°4 du
Pacte pour un enseignement d'excellence. Celui-ci vise à mener une réforme
systémique du champ de l'orientation et à mettre en œuvre une approche
éducative de l'orientation progressive et cohérente. L'objectif est de
renverser la dynamique actuelle qui, pour de nombreux élèves, se résume à faire
des choix par défaut. Ce projet a pour but de fournir aux élèves une plateforme
fiable et interactive aux contenus et aux outils validés, d'aider les parents à
trouver des informations claires et exhaustives et de leur donner les outils
pour accompagner leur enfant. La plateforme vise également à permettre aux
équipes chargées de l'orientation dans les écoles et aux acteurs externes à
l'école de disposer d'informations complètes et à jour.
Encore trop souvent
orienté par le système scolaire, par des représentations stéréotypées de
certains métiers ou par l'influence des proches, l'élève qui naviguera sur le
portail aura des outils et des propositions d'activités pour devenir
véritablement acteur de sa démarche d'orientation. Pour l'aider, la version 2.0
de la plateforme susmentionnée, planifiée pour le mois de mai 2024, proposera
des outils simples et intuitifs pour rechercher une formation ou explorer des
métiers, comprendre le système éducatif ou encore trouver comment s'orienter.
Afin de rendre
l'élève acteur de son processus d'orientation, la version 3.0 du portail,
prévue quant à elle pour le mois de mai 2025, mettra également à sa disposition
un espace personnel l'invitant à découvrir ses ressources personnelles, ses
critères de choix, ses intérêts, ses valeurs et à garder une trace de ses
recherches et de ses projets. Cet espace contiendra divers outils adaptés aux
différents groupes d'âge, à leurs besoins et à leurs questionnements.
Ce dernier point
m'amène à faire le lien avec la recherche conjointe menée par le comité
scientifique de l'ULB et de l'UMons. Celle-ci démontre toute la complexité de
la mise en œuvre de tests d'orientation. En effet, le rapport final met en
évidence que si l'objectif est de permettre aux jeunes de développer leur
parcours d'orientation de manière personnalisée par le biais de cet espace,
l'orientation doit être considérée comme un cheminement éducatif, progressif et
étalé sur plusieurs années de la scolarité du jeune. En outre, la recherche
attire l'attention sur l'impact potentiel de la création d'une plateforme
numérique quant à l'apparition éventuelle d'inégalités d'usage, notamment en
défaveur de populations socio-économiques plus précaires. Notons également la
complexité du suivi et de l'accompagnement nécessaires des élèves passant des
tests afin de ne pas poser de diagnostic qui pourrait être mal interprété par
un jeune tout seul dans sa chambre, devant son ordinateur. Pour toutes ces
raisons, les travaux s'orientent vers la rédaction d'activités
d'autoévaluation, où l'élève reçoit des informations de manière autonome et qui
ne nécessitent pas de suivi particulier.
Quant aux activités
orientantes, mon cabinet finalise une note d'orientation que je présenterai
prochainement au gouvernement. Après avoir été discutée avec le comité de
concertation du Pacte pour un enseignement d'excellence, celle-ci proposera la
concrétisation des quatre semaines d'activités orientantes. Elle se basera
ainsi sur plusieurs axes: les référentiels; les partenariats possibles pour
permettre aux élèves de nourrir leurs réflexions sur leur orientation; les
outils et ressources permettant aux élèves ainsi qu'à leur famille et à leurs
enseignants de saisir toutes les potentialités de l'orientation. J'espère
ensuite traduire la note d'orientation en projet de décret en vue d'une
adoption au cours de cette législature.
Mme Stéphanie
Cortisse (MR). – Je me réjouis de l'adoption et de la
mise en ligne du portail de l'orientation. J'ai bien compris que des versions
améliorées de celui-ci seront proposées d'année en année. Cela relève
effectivement d'un travail assez complexe et je comprends donc cette évolution
progressive de la situation.
Par ailleurs, je ne
vous ai pas entendue sur la création des tests d'orientation prévus en
concertation avec la Ministre Glatigny, au sortir de l'enseignement secondaire
et en vue de l'entrée dans l'enseignement supérieur pour les élèves qui le
souhaitent. Je ne manquerai pas de vous réinterroger, ainsi que la Ministre Glatigny,
à cet égard.
Malgré les
difficultés qu'implique l'organisation d'un test d'orientation, compte tenu des
écueils à éviter, il serait intéressant de proposer ce type de test au terme du
nouveau tronc commun, de façon facultative et non contraignante. Se rendre sur
le portail de l'orientation est une chose, mais faire passer un test de nature
à faciliter considérablement la tâche aux élèves en est une autre. Il serait
bon de profiter de la création, par la Ministre Glatigny, du test destiné aux
élèves en fin de rhétorique pour voir si sa généralisation serait envisageable
au tronc commun. L'idée serait ici de faciliter l'orientation dans les filières
générale et qualifiante, et ce, sans relégation. En outre, cela favoriserait la
revalorisation de l'enseignement qualifiant.
Je me réjouis que la situation évolue en ce qui concerne les activités orientantes.
En revanche, je ne
vous ai pas entendue sur la publication d'un guide parallèlement à celle du
référentiel, conformément à ce que prévoyait l'avis n°3 du Pacte pour un
enseignement d'excellence. Je reviendrai donc également vers vous à ce sujet.